La lumière célébrée

Depuis hier a lieu la fête de ‘Hanoucca (en hébreu : Hag HaHanoukka, « Fête de l’Inauguration »), fête juive d’institution rabbinique, célébrée à partir du 25 Kislev et dure huit jours (du 12 au 19 décembre cette année). Mais à quoi correspond exactement cette fête ? Voici un petit éclairage :

Nous sommes au deuxième siècle avant l’ère chrétienne. La Judée, qui avait été conquise par Alexandre le Grand, est aux mains des Séleucides. Sa position stratégique au carrefour de l’Asie et de l’Afrique fait d’elle un enjeu vital dans la lutte entre les Ptolémées d’Egypte et les Séleucides gréco-syriens. L’occupant Gréco-Syrien soumit le peuple juif à de nombreux décrets dans le but de l’empêcher de pratiquer la Torah et les Mitsvoth dans l’esprit de sainteté qu’il convient, comme ne plus pratiquer la Brit Mila (la circoncision) et ne plus observer Shabbat.

Il abusa des Juifs et de leurs biens. C’est de Modine, un petit village de Judée, que le Grand-Prêtre Mattathias va lancer la révolte. Suivi par ses cinq fils dont Judah, qui sera un temps le chef militaire, la rébellion va se propager à travers toute la Judée. Les Syriens envoient des armées de plus en plus nombreuses et puissantes, mais ils sont à chaque fois défaits par les Maccabées qui gagnent de plus en plus de terrain.
Les Hashmonaïm, parvinrent à défaire un ennemi pourtant largement supérieur en nombre et en équipement.

En l’an 164 avant notre ère, ceux-ci pénètrent finalement dans Jérusalem. Après leur victoire, le 25 Kislev, les Cohanim s’employèrent à nettoyer le Temple des souillures qu’il avait subies pendant l’occupation et procédèrent alors à l’inauguration du Temple ainsi réhabilité.

Mais lorsqu’il veulent allumer la Menora, ils ne trouvent qu’une petite fiole d’huile d’olive pure portant le sceau du Grand-Prêtre. Elle est tout juste suffisante pour blûler un jour, alors qu’il en faut huit pour se procurer une huile conforme. Et là, Ô miracle, la Menora brûle huit jours, sans s’éteindre.

HanoukkaCe miracle est célébré et remis à l’honneur tous les ans par le peuple juif à ‘Hanoucca, une fête non-chômée qui dure huit jours pendant lesquels on allume un chandelier à huit branches (plus une pour le Chamach qui sert à allumer les autres bougies). (1)

Voilà ce que nous dit cette histoire illustrant les faits à l’origine de cette fête de ‘Hannouca qui se déroule cette année du 12 au 18 décembre.

La lumière – qui symbolise la connaissance, la Torah – doit être tournée vers dehors. L’extérieur représentant le monde matériel alors que l’intérieur correspond à la dimension spirituelle. Puisse la lumière se répandre au dehors…

Presque au même moment, à Lyon, entre le 5 et la 8 décembre, a eu lieu la Fête des Lumières. Cette Fête des Lumières du 8 décembre est très liée à l’histoire religieuse lyonnaise. Et il a été demandé ceci pour le dernier jour : “Le 8 décembre, prenez part à la Fête en installant des lumignons sur vos fenêtres” ! (2)

Depuis le Moyen-Âge, Lyon vénère Marie. En 1643, alors que Lyon se mit sous sa protection, une épidémie de peste se développa dans le sud de la France. Les responsables religieux promirent alors, comme pour conjurer le sort, de rendre hommage à Marie si la peste cessait. Depuis lors, un cortège défile de la Cathédrale Saint-Jean à la basilique Notre-Dame de Fourvière le 8 septembre afin de remettre des offrandes à Marie.

L’inauguration de la statue de Marie aurait dû avoir lieu le 8 septembre 1852 (jour de la fête chrétienne de la Nativité). Mais ce jour-là, les éléments se déchaînèrent et une crue de la Saône empêcha la cérémonie qui fut reportée le 8 décembre, date de la fête de l’Immaculée Conception. Or, le 8 décembre, un orage très puissant s’abattit sur Lyon. Un nouveau report avait été envisagé par les autorités. Mais la population lyonnaise aurait bravé les éléments, tant elle attendait ce moment. Spontanément, les fenêtres le Lyon s’illuminèrent, alors que le ciel se dégageait finalement.

Et dans quelques jours, d’autres lumières s’allumeront à l’occasion de la fête de Noël que l’on ne présente plus…

Au-delà de toutes ces considérations liées à des symboles religieux, prenons un peu de distance et remarquons que toutes ces manifestations “lumineuses” se déroulent à un moment proche du solstice d’hiver, jour le plus court de l’année, nuit la plus longue… A ce moment doit naître le plus bel espoir qui soit : celui du retour vers la lumière, la renaissance de la nature.

Il n’est question que de cette interaction permanente : recherche intérieure puis action dans le monde, expression de la lumière trouvée au coeur des ténèbres, signification du rythme solsticial, héritage de mythes millénaires vieux comme l’agriculture (3), selon lesquels la divinité meurt avec la graine au solstice d’hiver avant de renaître avec les moissons au solstice d’été. De même qu’au solstice d’hiver, les jours commencent à croître annonçant le solstice d’été qui lui-même conduira solstice d’hiver, notre existence n’est finalement qu’un perpétuel cycle de réflexion et d’action, d’inspiration et d’expiration.

Toutes ces lumières, finalement, sont autant d’artifices dont nous nous sommes dotés, que nous ont transmises différentes traditions, afin de nous accompagner dans cette longue nuit, de baliser notre chemin qui nous conduira jusqu’à LA Lumière tant espérée…

En attendant, ‘Hanoucca sameah et joyeux Noël à toutes et à tous !

Sources :

1. http://www.terredisrael.com/
2. http://www.lumieres.lyon.fr/
3. Je pense au mythe sumérien “La descente d’Inanna aux Enfers” (devenu bien plus tard “La descente d’Ishtar aux Enfers” dans sa version assyrienne), mais également aux  “mythe d’Osiris” et “mystères d’Eleusis”, entre autres…


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