Pas les mots…

Mon tweet de la mi-journée :

LaurentKarouby
Il y a une semaine, devant Twitter, je passais de la surprise au choc puis à l’anéantissement. Les mots me manquent toujours. #CharlieHebdo
14/01/2015 13:02

La semaine dernière au même moment, j’étais au téléphone en pleine discussion avec un ami ; devant moi, l’ordinateur présentait le fil des Tweets qui se rafraîchissait automatiquement.

Concentré sur ma communication téléphonique, en cette mi-journée du 7 janvier, mon regard capte furtivement un tweet entrant, mentionnant une fusillade à Paris.  Surpris, je poursuivais ma conversation, néanmoins intrigué.

Puis le rythme de parution des tweets s’accéléra sensiblement. Les messages s’enchaînaient, se contredisant parfois. Il était maintenant question d’un attentat dans les locaux de Charlie Hebdo. Il y avait des morts. Le choc ! Dix morts. Puis les morts n’étaient plus mentionnés. Mais si. Il y avait des morts. Et beaucoup. C’était confirmé.  J’avais alors raccroché. J’étais hypnotisé.

Les noms… Ils surgirent avec une telle violence ! Les morts impersonnels, lointains, devinrent brutalement “Cabu, Charb, Tignous, Honoré, Wolinski, Bernard Maris”… Non, pas ça ! Pas eux ! Si proches ! Tous morts ? “Cabu, Charb, Tignous, Honoré, Wolinski, Bernard Maris” ? Je relisais inlassablement cette suite de noms, hagard. Tous ces dessinateurs ! Ces caricaturistes si connus ! Et Bernard Maris que j’écoutais régulièrement sur France Inter, et que j’appréciais particulièrement ; pas lui ! Pas eux ! L’anéantissement.

Très vite s’ajoutèrent d’autres noms : Elsa Cayat, Mustapha Ourrad, Michel Renaud, Frédéric Boisseau, Ahmed Merabet… Je ne comprenais rien – ou ne voulais pas comprendre, comme pour conjurer un mauvais – très mauvais sort. Mais la réalité était trop envahissante. L’évidence s’étalait là, devant mes yeux écarquillés que l’horreur du moment grandissait encore plus. Tout ceci en quelques minutes. Je n’avais pas de mots…

A la télévision, émissions spéciales sur la quasi totalité des chaînes. Les pires : ces chaînes “info 24/24” qui rabâchent en boucle les mêmes faits à un rythme qui devient rapidement insupportable. Où l’art d’informer en continu quand on n’a rien à dire (ou presque). Je déteste.

La surprise avait laissé place à une stupeur mêlée d’incompréhension. Il fallait s’abonner ! La première chose qui me vint à l’esprit : www.charliehebdo.fr ; s’abonner. Les soutenir. Je clique. Abonnement. J’ai renseigné les champs. “Mon très modeste soutien”. Toujours bouleversé. Je reçus un mail de confirmation à 14h19.

Mais que se passait-il donc ?

C’était il y a tout juste une semaine. Sept jours. Le 7 janvier.

Et je ne trouve toujours pas les mots.


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