Mois : décembre 2013

  • Deux-mille-quatorze droit devant !

    Deux-mille-quatorze droit devant !

     En 2013, j’ai été ému par la jeune Malala Yousafzai, j’ai été triste d’apprendre la mort d’Ourasi, j’ai suivi les célébrations du cinquantenaire du Traité de l’Elysée, j’ai adoré les séries « Hatufim » et « Ainsi soient-ils » sur ARTE, « Braquo », « Engrenages » et « The Tunnel » sur Canal+ ainsi que « Touch » et « Under the Dome » sur M6, j’ai célébré les vingt-cinq ans de la disparition de Pierre Desproges, j’ai bu de la Guinness, j’ai installé Mavericks et iOS 7, j’ai fêté à distance les vingt ans de la LOLITA et localement la victoire du RCT en HCup ainsi que le trois-centième article de ce blog, j’ai été attristé par le départ d’Alain Mimoun et de Georges Moustaki, je me suis souvenu de l’arrestation de Jean Moulin il y a soixante-dix ans,  j’ai découvert Alison Krauss et Louise Vautour, j’ai retrouvé Diana Krall et Barbara, j’ai été sorbétisé par l’Ecume des Glaces, j’ai lu la BD « Ainsi se tut Zarathoustra », j‘ai vu les films « Les Fils du Vent », « Syngué Sabour », « Après la bataille », « Quartett », « Les Virtuoses » et « La Part des Anges », mais j’ai mal supporté « The Immigrant », j’ai été ému par un whisky suédois, j’ai revu la danse de Rabbi Jacob.

    J’ai aussi redécouvert les films « Les Ailes du Désir » et « Subway », j’ai célébré le printemps, j’ai souhaité un joyeux Nowrooz en persan, j’ai adoré « Sur les Epaules de Darwin » de Jean-Claude Ameisen à la radio, j’ai même acheté le livre, j’ai franchi mes 30 ans à l’Education nationale, j’ai donné un coup de mains au Festival « Musique en vacances », j’ai suivi les élections en Iran, je suis allé deux fois en Alsace et une fois à Monaco, j’ai enfin pu assister à « La Flûte enchantée » à l’opéra de Toulon, j’ai assisté au mariage de Christophe et Hervé à La Ciotat, j’ai découvert le génialissime Stéphane de Groodt, j’ai revu les « Tontons flingueurs », je me suis abonné à Libération week-end, j’ai croisé le « Mât de Cocagne » à La-Seyne-sur-mer, j’ai fait mes courses par le Drive, j’ai envisagé de faire raccorder mon piano, je me suis engagé pour les municipales 2014 sur la liste d’union de la Gauche, j’ai serré la main au Recteur d’Académie et à deux Inspecteurs d’Académie différents, j’ai soutenu une thèse de doctorat en Sciences du Langage et j’ai aussi eu un gros rhume. Là, je me repose un peu avant d’attaquer 2014…

    Bon bout d’an à toutes et tous ! Et à l’an qué ven !

  • Enfin…

    Enfin…

    Quel trimestre… C’était long.

    Ah ! Ca fait quand même plaisir !

    Bonnes fêtes à toutes et à tous !

    « Bon bout d’an et à l’an qué vèn, que se siam pas mai, que siguem pas mens ! »

    A l’an prochain, si nous y sommes pas plus, que nous n’y soyons pas moins !

  • Ce 19 décembre 1964

    Ce 19 décembre 1964

     Il n’y a pas un 19 décembre ou un 21 juin qui puisse passer sans que le souvenir de ce moment unique ne me revienne en mémoire. Je parle bien sûr du grand, du puissant, du terrible discours qu’André MALRAUX prononça ce 19 décembre 1964 devant le Panthéon, célébrant l’entrée de Jean MOULIN en ces lieux que la Patrie reconnaissante dédie aux Grands Hommes. Jean MOULIN, trahi, fut arrêté à Caluire, ce funeste jour du 21 juin 1943, avant d’être conduit au siège de la Gestapo. Il trouvera la mort en gare de Metz, dans le train qui le transportait en Allemagne, le 8 juillet 1943.

    « (…) Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France… »

    (suite…)

  • Petits poussins

    Petits poussins

    Il y a un mois environ, dans la classe de CP de l’école Louis Marin où j’interviens régulièrement, un projet particulier se concrétisa. Il s’agissait d’observer en temps réel (ou presque), le passage de l’état d’œuf à celui – éventuellement – de poussins. Vaste programme ! Pour ce faire, une couveuse de qualité professionnelle fut installée (température et hygrométrie constantes, léger mouvement de la grille support afin de provoquer la rotation lente des œufs : on ne pouvait rêver mieux). Restait à trouver des œufs compatibles avec une telle expérience, c’est-à-dire potentiellement fécondés. La solution vint de notre collègue de CE2 qui était en contact avec une ferme locale. Toutes les conditions étaient ainsi réunies pour lancer ce projet.

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    Il y a un peu moins d’un mois, donc, eut lieu la découverte de la couveuse, de ses caractéristiques ; la projection sur TBI d’une présentation tout en images (réalisée par le maître de la classe) qui détaillait les différences entre les êtres ovipares et vivipares (qui fut même présentée à d’autres classes de l’école). Une fiche fut remplie par chaque élève qui fut la première d’un véritable dossier scientifique qui présentait un calendrier de vingt et une cases : le temps nécessaire aux éventuels poussins pour croître avant que les œufs n’éclosent. Vingt et un jours. Cela nous menait au vendredi 13 décembre 2013…

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    Ce vendredi 13 décembre 2013 restera dans les mémoires. Lors de la recréation du matin (j’intervenais alors dans une autre école), le collègue de CP m’envoie un SMS : « Nous nous apprêtons à accueillir trois poussins, ils commencent à casser leur coquille et on entend « piou, piou » sans arrêt. » Je ne passais dans cette école que l’après-midi et je craignais que tout soit alors terminé. Mais leur sortie pouvait prendre un ou deux jours, me précise le collègue. L’après-midi j’arrivais dans la classe. Un rapport fort détaillé me fut fait par les petits élèves visiblement passionnés par l’expérience, étant donné leur vocabulaire riche et parfaitement adapté à la situation. Ils me précisèrent que les élèves de la classe allaient être les frères et soeurs des poussins, les enseignants de l’école : leurs parents et moi, leur parrain :o) (on n’oublie pas le maître d’adapt !).

    Moment émouvant : l’observation d’un des œufs en cours d’éclosion. Une petite ouverture était visible par laquelle passait régulièrement le bout d’un bec – spectacle qu’accompagnait un ensemble de « piou, piou » plus nets que jamais. Vers 14h30, l’une des élèves cria qu’un poussin venait de sortir ! Né un vendredi 13 en 2013… Branle-bas de combat. L’observation s’organise. Et quel tableau ! Une coquille gisant en deux et une masse foncée qui marchait maladroitement mais vigoureusement – le poussin – en alternant passages acrobatiques rapides et repos complet allongé au sol de tout son long. Ainsi ce poussin devint l’attraction des élèves de CP ainsi que des autres classes de l’école. Mais le week-end arrivait. Une collègue s’en occuperait jusqu’à lundi.

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    Aujourd’hui lundi, j’arrive à l’école, à nouveau l’après-midi.

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    Le collègue de CP m’annonce la nouvelle : contrairement aux apparences et aux prévisions souvent pessimistes, pas moins de six poussins sont nés, en forme, plus vigoureux que jamais ! Six sur six ! Quel spectacle ! Pour une réussite, c’est une réussite ! Les élèves notèrent dans leur dossier cette phrase écrite au tableau que nul n’avait osé espérer : « Lundi, nos six poussins se portent bien. Ils picorent ».

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    A en croire les yeux pleins d’étoiles de ces petits scientifiques, voici une expérience que personne n’oubliera de si tôt !… Et bravo au maître Philippe L. pour ce projet tellement enrichissant. Les poussins rejoindront dès la fin de l’école, avant les congés de Noël, une ferme des environs où ils se développeront dans un environnement certainement plus adapté qu’une salle de classe.

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    Régulièrement les élèves pourront voir comment grandissent les volatiles.

    Car, à n’en pas douter, petits poussins deviendront grands !…

  • Le jour d’après

    Le jour d’après

    14h30.

    Et voilà…

    Hier à la même heure débutait un événement que je n’oublierai pas. Ma soutenance de thèse. Jusqu’au dernier moment, je n’y croyais pas. Ce moment était arrivé. C’était aujourd’hui… Mais quelle histoire !… Petit retour sur mes premiers pas universitaires :

    Il y a quelques années, dans l’école où je me trouvais, était arrivé un message de l’Inspection Académique : conjointement avec l’Université de Provence était mise en place une formation diplômante afin de permettre aux instituteurs qui avaient été recrutés niveau Baccalauréat (c’était le cas pour celles et ceux qui avaient fréquenté feue l’Ecole Normale) d’atteindre la licence – niveau universitaire minimal à cette époque. Je me suis inscrit. C’était en Sciences du langage. Cela me convenait bien.

    Chaque mercredi je me retrouvais ainsi à Aix-en-Provence, en compagnie d’une bonne quarantaine d’instituteurs, venus de tout le département, également intéressés par cette formation. Après la Validation d’Acquis et de l’Expérience, nous accédions directement en troisième année de licence. Après plusieurs cours et les examens qui leur correspondaient en janvier et en juin, la licence était acquise. Alors que la plupart des collègues arrêtèrent ici leur retour à l’Université, nous étions cinq ou six à souhaiter poursuivre en Master. Oui, mais quel Master ? En entendant par hasard, au détour d’un couloir, un étudiant parler de sumérien et d’akkadien, je m’approchais et le questionnais : à cette époque existait un Master « Langues et épigraphie du Proche-Orient ancien » (disparu depuis) dont s’occupait Remo MUGNAIONI, enseignant passionné et passionnant.

    J’ai pu m’y inscrire. Extraordinaire. Mais attention à l’organisation : plus rien n’était adapté pour les instituteurs, nous devenions des étudiants « lambda ». Avec du recul, il fallait y croire pour partir deux à trois fois par semaine, selon les semestres, rejoindre Aix pour deux à trois heures de cours (après le boulot). Mais les choses suivirent leur cours. Les cours se succédèrent tant bien que mal. Un passage à l’Institut des langues anciennes, à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon (dix jours en juillet), me permit de valider deux précieuses matières de M2 qui contribuèrent à boucler le nombre de points nécessaires. Et la soutenance de mémoire eut lieu. Le sujet : « Des sources mésopotamiennes aux papyri d’Eléphantine : traduction et analyse du texte araméen « Histoire et Sagesse d’Ahiqar l’Assyrien » ». Le Master m’a été accordé. Mais alors… L’inscription en doctorat devenait possible ?

    C’est sous la direction de Mme François DOUAY, professeur aujourd’hui émérite, ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure, que durant quelques années – il était toujours difficile d’avancer  tout en exerçant une activité professionnelle – mes travaux avançaient. Les congés se transformaient en séances de travail et je suivais des séminaires qui avaient lieu chaque mercredi. Il m’aura fallu bien plus de temps qu’un étudiant à plein temps pour y arriver. Ce que je n’aurais jamais pu faire sans la  présence de ma directrice de thèse a qui il aura fallu une sacrée dose de patience, j’en ai conscience. Oh que oui !… Je ne la remercierais jamais assez. Toujours est-il que des années après, tout s’accéléra soudain. Il y a deux mois : le bouclage de la thèse et son dépôt à la reprographie. Puis ce fut l’envoi à chacun des six membres du jury. L’attente du verdict des deux pré-rapporteurs allait être décisive. Le premier arriva il y a un mois, très positif : favorable ! L’autre arriva un peu plus tard : favorable également ! Feu vert !

    La date de soutenance était fixée au 7 décembre 2013. Au LPL (Laboratoire « Parole et Langage ») à Aix. Mais je ne réalisais toujours pas. C’est lorsque j’ai vu passer, il y a dix jours, un mail de l’Université me concernant intitulé « Avis de soutenance » que les choses changèrent… Là, quand même, la réalité me rattrapait. Ah, oui ! J’oubliais. Le sujet de ma thèse : « « Histoire et Sagesse d’Ahiqar l’Assyrien » ou l’Ummanu sans descendance : Invariance et variations, de l’Antiquité au XVIIIe siècle« .

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     J’ai passé les derniers jours à finaliser mon exposé d’environ vingt-cinq minutes. Hier, à 14h30, dans la salle de conférences du LPL, la soutenance commençait. Le professeur Philippe CASSUTO, désigné président de séance, présenta les autres membres du jury et me laissa la parole pour la présentation de mes travaux. Vingt-cinq minutes (environ) plus tard, ce fut au tour de ma directrice de Thèse de s’exprimer sur l’ensemble de mon travail, avant de me poser quelques questions.

    Ainsi, chaque membre du jury donnait son avis sur ma thèse et terminait avec des questions auxquelles je répondais (avec plus ou moins d’assurance). Après une courte pause, les trois autres membres du jury eurent la parole. En dernier s’exprima, comme le veut la tradition, le Président. Puis (nous venions de passer un peu moins de quatre heures), vers 18h15, il nous fut demandé de quitter la salle afin que le jury puisse délibérer. Ouf ! Déjà je ressentais un beau soulagement. Le plus gros était derrière moi…

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    De gauche à droite : Mme Corinne JOUANNO, M. Sylvain BROCQUET, M. Jean-Paul SERMAIN, M. Philippe CASSUTO, M. Yves-Marie VISETTI, Mme Françoise DOUAY.

    Une vingtaine de minutes après, nous regagnâmes nos places. Tout le monde était debout. Le jury y compris. Instant solennel… Le Président annonça qu’à l’unanimité le jury avait décidé de me nommer au grade de Docteur de l’Université d’Aix-Marseille, avec la mention « Très honorable » ! Je ne réalisais pas. Puis il poursuivit en précisant que le LPL avait aboli les Félicitations du jury, sans quoi le jury me les aurait décernées. Je n’en croyais pas mes oreilles. J’avais tellement douté… Puis le jury se mit à applaudir. Je ne savais plus où me mettre… Quel moment ! Je bredouillais quelques mots qui exprimaient pêle-mêle remerciements et soulagement. Sans doute. Je ne m’en souviens plus.

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    Oui, quel soulagement. Quelle joie. Combien j’avais rêvé de ce moment-là : l’instant d’après. La journée se termina autour d’un sympathique verre de l’amitié qui s’interrompit tout de même au moment où il fallut reconduire les trois membres « extérieurs » du jury à leur train.

    Une page se tourne. Depuis les premiers cours en vue d’accéder à la licence à cette soutenance, un cycle s’achève. Et maintenant ? Je dois avant tout réaliser ce qui m’arrive…

    Quelle histoire !…