Eh bien voilà… En faisant les courses, je croisais des parents d’élèves qui me reconnurent ; je m’étais occupé de leurs deux enfants alors âgés de 7 et 10 ans. C’était hier. Enfin je le pensais… Quand le papa appelle son fils à quelques mètres de là. Il arrive. Première réaction de ma part : « Comme il a grandi ! » Et la maman de préciser « Il a eu vingt ans la semaine dernière »… Avant de me donner des nouvelles de la petit soeur qui – elle – avait dix-sept ans ! Ah ! Que j’eusse apprécié à cet instant précis, pour m’aider à digérer tout ça, une chaise qu’aurait bien accompagné un petit remontant. Rien de tout cela. Mais je tins bon !… Nous discutâmes ainsi durant quelques minutes. Mon ancien élève avait trouvé sa voie dans l’apprentissage et avait, par ailleurs, remarquablement progressé depuis.
Nous nous séparâmes ensuite. Et je pensais aux années qui passent. Sans bruit, discrètement… Je revoyais cet élève dans des séances de lecture. Et je me dis que notre métier est tout de même fabuleux. Oh, nous n’avons pas de stock-options ou de parachutes dorés en cas de fermetures de postes, mais nous avons cette possibilité extraordinaire : celle de la transmission des savoirs et de la connaissance. Celle d’accompagner certains élèves, de pouvoir agir à leur côté afin de les rendre plus forts, plus sûrs d’eux.
Alors, quand tant d’années après nous arrivent de telles rencontres, nous prenons la pleine dimension de ce métier et nous repartons contents et satisfaits vers demain. Nous retrouverons d’autres enfants de six à dix ans qui – je le sais – deviendront grands un jour…