Lale, Nur, Selma, Ece, Sonay et Hirut

Turquie, Ethiopie. Non, il ne s’agit pas de récentes destinations estivales, mais plus simplement de deux films exceptionnels vus à moins de deux mois d’intervalle. A l’honneur, deux réalisateurs non moins formidables : Deniz Gamze Ergüven et Zeresenay Mehari.

MustangDifret

Lale, Nur, Selma, Ece, Sonay, Hirut : tels sont les prénoms des différentes héroïnes de ces deux longs métrages ; les cinq sœurs du film Mustang, puis la jeune fille de Difret. Le point commun qui unit ces deux œuvres a priori très éloignées géographiquement et culturellement : le poids des traditions ancestrales.

Les deux films s’ouvrent sur une note de bonheur et d’insouciance. D’un côté, la joie d’une fin d’année scolaire et des premiers moments de vacances d’été où l’on voit en Turquie cinq soeurs s’amuser avec des garçons au bord de la mer, de l’autre, en Ethiopie, une jeune fille à l’école, bonne élève, à laquelle l’enseignant annonce qu’elle aura accès à la classe supérieure. Grand sourire sur le visage de l’adolescente qui, à la fin de la classe, repart à pieds chez elle annoncer la bonne nouvelle à sa famille.

Et puis tout bascule :

« C’est comme si tout avait changé d’un battement de cils, une minute on était tranquille et après, c’est la merde »

dit une voix au début de la bande-annonce de Mustang. En effet, les soeurs ont été vues sur les épaules des garçons, et dans leur famille cela se traduit ainsi : elles se seraient frottées aux garçons et seraient ainsi devenues impures. Suit un enfermement dans la maison familiale en vue de mariages arrangés de ces jeunes filles qui n’aspiraient qu’à vivre leur bonheur simplement, celui de jeunes de leur âge… En Ethiopie maintenant, tellement ravie, Hirut part donc vers sa maison après la classe lorsque, soudain, elle est littéralement encerclée par une dizaine de cavaliers, dont un particulièrement qui – sans ménagement aucun – se saisit de la jeune fille avant de la jeter dans une espèce de remise dont il fermera à clef l’unique accès.

Car il est de tradition, dans cette partie de la Turquie, que les filles, encore jeunes, soient promises à des prétendants (souvent bien plus âgés) et leur soient offertes le moment venu, sans que leur consentement ne leur ait été réellement demandé. Un film qui arrive au moment où – dans la vie réelle – l’on note une nette montée du conservatisme en Turquie… C’est également au nom d’une tradition ancestrale éthiopienne, cette fois, – contre laquelle la justice du pays ne peut apparemment rien – que, dans une région particulière du pays, lorsqu’un homme voulait épouser une femme il l’enlevait et la séquestrait quelques jours. Mais il y a bien d’autres choses encore, en lien avec ces traditions d’un autre temps qui seront combattues courageusement dans Difret, mais je ne vous en dis pas plus…

Car loin de moi l’idée de vouloir dévoiler ce qui fait la richesse de chacun de ces films. Deux oeuvres à ne réellement pas louper, si vous en avez l’occasion. En VOST, bien sûr, car il est un point que je n’ai pas abordé : la beauté de ces deux langues, turque et éthiopienne. A entendre dès que l’occasion se présentera.

En langue amharique, le mot difret a un double sens. Dans son usage courant il signifie courage. Mais il peut aussi sous-entendre le fait d’être violée.

Mustang (Bande-Annonce) :

Difret (Bande-Annonce) :

Liens :

Difret : http://www.africultures.com/php/index.php?nav=film&no=16728

Mustang : http://www.konbini.com/fr/entertainment-2/entretien-mustang-deniz-gamze-erguven/

Et merci au Cinéma Lumière de La Ciotat !

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