Zahor, souviens-toi…

Le dernier dimanche d’avril est consacré à la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation

Je ne puis oublier cette visite effectuée l’été 2007 au seul camp de concentration implanté en terre française, je veux parler du sinistre camp de Natzweiller-Struthof. Nous étions en plein milieu de l’été et pourtant, arrivés sur les lieux, le ciel était couvert, sombre, l’air humide. Les éléments nous avaient livré ce camp dans une ambiance indescriptible. Seul le silence avait sa place en ces lieux de mémoire…

Cette visite nous permit de découvrir sans détour ce que des hommes, en d’autres temps, avaient pu faire à d’autres hommes rétrogradés au rang de « sous-hommes ». Quelle cruauté… Il y aurait tant à dire sur ce moment vécu là où tant d’autres perdirent leur vie dans de telles conditions…

Arrivés dans une pièce, nous découvrîment un sinistre dispositif : une table de dissection…

Au mur, un panneau nous informait d’une réalité qui dépassait tout entendement. Cette réalité était pourtant celle qui avait permis tant et tant d’abominations. Voici une reconstitution de ce panneau :

On peut y lire les exactions du professeur Hirt, de l’Institut anatomique de Strasbourg et de son adjoint, le professeur Wiener…

Pour en savoir plus sur ce camp de concentration (KL-Natzweiler), je conseille ce site web très riche du Struthof où il est précisé par exemple que « De 1941 à 1945, le KL-Natzweiler est l’un des camps les plus meurtriers du système nazi. Près de 22 000 déportés y sont morts »

« Les déportés du KL-Natzweiler, arrivés de toute l’Europe, proviennent de tous les horizons. En grande majorité, ce sont des déportés politiques, dont les « Nacht und Nebel », mais aussi des Juifs, Tziganes, homosexuels… Tous découvrent un univers où ils ne sont plus que des numéros et des sous-hommes »… http://www.struthof.fr/

Or, ce matin dimanche 25 avril 2010, sur France Inter, a été diffusé un excellent numéro de l’émission Interception intitulée :

Reichsuniversität de Strasbourg : des médecins au service du nazisme

On y évoque justement ces horreurs pratiquées par ces médecins dans le cadre de la Faculté de médecine de Strasbourg rebaptisée à ce moment « Reichsuniversität de Strasbourg ». Une émission édifiante à bien des égards…

En voici le résumé visible sur le site de la radio :

Quand on parle de médecine et de nazisme, on pense immédiatement à Josef Mengele, ce médecin allemand criminel de guerre qui pratiqua des expériences pseudo-scientifiques au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. Les crimes commis par trois médecins allemands de l’université de Strasbourg durant l’annexion de l’Alsace au Reich nazi sont moins connus. Pourtant ces trois scientifiques reconnus pratiquèrent eux aussi des expériences sur des détenus du camp de Natzweiller-Struthof, situé à quelques kilomètres de Strasbourg. L’un d’entre eux, le professeur Hirth, anatomiste et ami du chef des SS Heinrich Himmler, fit même gazer 86 déportés et amener leurs corps à l’université de Strasbourg dans l’unique but de constituer après guerre un musée de la « race judéo-bolchévique ».

Cette histoire liée à l’annexion au Reich nazi reste douloureuse en Alsace, même si l’Université française de Strasbourg s’était à l’époque réfugiée dans le centre de la France et n’est pas en cause. La commémoration de ces crimes, les questions qu’ils posent sur les rapports troubles entre les médecins allemands et le nazisme, les leçons qu’on en tire –ou pas- pour l’enseignement des étudiants en médecine d’aujourd’hui font encore polémique. Pour la journée nationale du souvenir de la déportation, le 25 avril, Olivier Vogel et Pascal Doumange ont interrogé des historiens, des témoins de l’époque et des responsables associatifs qui retracent cette histoire dramatique et évoquent les difficultés à la commémorer.

Cette émission reste accessible pour une durée limitée  :

Ecouter l’émission

Pour terminer, j’ai particulièrement apprécié ce site : http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/

On y trouve un espace très documenté sur La Journée Nationale de la Déportation dont voici un court extrait :

« Quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale (1939-45), la République française décide d’honorer la mémoire des victimes de la déportation, en particulier des déportés de France dans les camps de concentration ou d’extermination nazis ».

Depuis l’adoption de la loi du 14 avril 1954, le dernier dimanche d’avril est consacré « Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation » (…)

« Le nombre des déportés de France dans les camps de concentration ou d’extermination nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale est estimé à plus de 150 000 personnes, dont 80 000 victimes de mesures de répression (principalement des politiques et des résistants) et 75 000 juifs, victimes de mesures de persécution touchant également les Tsiganes. Au total, disparaissent plus de 100 000 déportés partis de France.

Avec la libération des camps puis le retour des premiers survivants, le monde entier mesure l’ampleur de la déportation et de son horreur »…

Zahor, souviens-toi…

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