Âzâdi, Liberté…

Une belle idée lecture ! Lorsqu’il y a quelques temps j’ai appris l’existence du livre de Saïdeh Pakravan, je me suis empressé de me le procurer dans ma librairie favorite, « Au poivre d’Ane » (1).

Azadi

Publié par les éditions Belfond, j’ai d’abord été étonné par la sobriété de la couverture de ce roman. Presque bi-colore, on y distingue titre et nom de l’auteure ainsi qu’une représentation de la célèbre Tour Âzâdi de Téhéran, colorée de rouge et sur laquelle on distingue les yeux d’une jeune personne…

Voici ce que nous livre la quatrième de couverture :

Âzâdi signifie « liberté » en persan. Il y a ceux qui la rêvent et ceux qui en paient le prix.
Téhéran, juin 2009. Après des élections truquées, une colère sourde s’empare de la jeunesse instruite de Téhéran. Dans la foule des opposants la jeune Raha, étudiante en architecture, rejoint chaque matin ses amis sur la place Azadi pour exprimer sa révolte, malgré la répression féroce qui sévit. Jusqu’au jour où sa vie bascule. Après son arrestation, et une réclusion d’une violence inouïe, ses yeux prendront à jamais la couleur de l’innocence perdue…
Tout en levant le voile sur une psyché iranienne raffinée et moderne, sans manichéisme et avec un souffle d’une violente beauté, Azadi raconte de façon magistrale le terrible supplice de celle qui cherche, telle une Antigone nouvelle, à obtenir réparation. Et à vivre aussi… là où le sort des femmes n’a aucune importance.

Comme vous le savez à présent, l’Iran m’a depuis toujours passionné. Je n’ai cessé de m’y intéresser et très vite, j’ai compris la dimension historique dont est dépositaire aujourd’hui le peuple iranien. Au point qu’il m’est impossible aujourd’hui de « réduire » l’Iran à ce qu’il est actuellement. J’irais même plus loin : au regard de son Histoire, la période actuelle connue sous le nom de « République islamique d’Iran » n’est qu’une infime parcelle d’une dimension pluri-millénaire (de la formation du royaume d’Elam (fin du IVe millénaire) et du peuplement du plateau iranien par les Aryens au nord et dans la province de Fars, et les Mèdes dans l’ouest (Xe siècle avant notre Ère), aux empires Achéménide (2), Parthe, Sassanide, etc. jusqu’à nos jours)… Des millénaires d’Histoire dont certains noms de souverains ne vous sont pas inconnus : Cyrus, Darius, Cambyse, Xerxès, Artaxerxès…

Plus proche de nous, après des mois de protestations populaires contre le régime du Shah, Mohammad Reza Pahlavi quitte l’Iran le 16 janvier 1979. Le 1er février 1979, Rouhollah Khomeini revient en Iran après un exil de quinze ans (dont un passage en France, dans la commune de Neauphle-le-Château). Ce n’est que depuis le 1er avril 1979 – il y a presque 36 ans – après un référendum, que la république islamique est proclamée.

Encore plus proche de nous : 2009… A cette époque, Ahmadinejad  était à la tête l’Iran et l’élection présidentielle qui se préparait représentait pour une grande partie de la population un énorme espoir de changement. Or les résultats – visiblement truqués – ont porté à nouveau Ahmadinejad au pouvoir. Ce qui ne fut pas accepté par la population et en particulier la jeunesse : ils furent en effet nombreux à manifester et à se retrouver sur la place de la tour Âzâdi, « Liberté »…

1024px-3rd_Day_-_The_Green_Protest_Rally
http://picasaweb.google.com/hsaber/25KhordadAzadi

La révolte prend de l’ampleur ; la répression ne tarde pas.

Le soulèvement fut surnommé « Révolution Twitter », en raison de l’importance qu’eut le réseau social dans l’organisation des manifestants. La police et la milice paramilitaire Basij ont violemment réprimé les manifestations, tirant parfois à balles réelles dans la foule. Il y eut plus de 150 morts dont celle de la jeune Neda Agha-Soltan (née le 23 janvier 1983 et morte le 20 juin 2009) devenue icône internationale de cette contestation iranienne.

Iran Election Icon
Neda Agha-Soltan

Mais revenons à notre roman « Âzâdi » : la révolte gronde, la répression prend de l’ampleur et la jeune Raha est blessée. Mais cela ne l’arrête pas. Elle poursuit son engagement et se fait arrêter. Libérée, elle décide, avec les personnes qui l’entourent, d’attaquer en justice ses agresseurs. Au fil du récit, nous découvrons ce qu’est l’Iran d’aujourd’hui : une société tout en contraste et en contradiction, éprise de liberté (60 % de la population a moins de 20 ans) face à un pouvoir dont les principes restent fondés sur la loi coranique.

Ecoutons l’auteure Saïdeh Pakranan qui présente son roman :

Bonne lecture !

  • PAKRAVAN Saïdeh, « Azâdi », Belfond éd., 22 janvier 2015, 441 pages (ISBN : 2714460151)

Notes

(1) Au Poivre d’Ane – Librairie.

Adresse : 46 Quai François Mitterrand, 13600 La Ciotat
Téléphone : 04 42 71 96 93

(2) Pierre Briant, Histoire de l’Empire perse, de Cyrus à Alexandre, 1996

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *