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  • La plus belle des créations de l’Homme

    La plus belle des créations de l’Homme

    Tant de choses ont été dites ou écrites à propos de cet acte barbare innommable – encore un ! – qui a frappé aveuglément un grand de la littérature, Salman Rushdie. Nul besoin de revenir sur les circonstances de cette agression horrible. Ni sur les multiples analyses qui en ont découlé. Le dégoût en est à son comble.

    Notre intention est de vous faire découvrir ces magnifiques mots d’une réalisatrice d’origine iranienne : Abnousse Shalmani. Mais d’abord, une petite présentation s’impose.

    Abnousse Shalmani en 2018 (Wikipedia) CC BY 3.0

    « Née à Téhéran en 1977, Abnousse Shalmani s’exile à Paris avec sa famille en 1985. Après des études d’histoire, elle emprunte la voie du journalisme puis de la production et de la réalisation de courts-métrages avant de revenir à sa première passion, la littérature ». (Radio France)

    « En 2014, elle publie, sous le titre « Khomeyni, Sade et Moi », un livre où elle évoque sa petite enfance sous la férule des femmes-corbeaux (les gardiennes de la morale, toutes de noir vêtues), du chef en noir et blanc (surnom qu’elle donne à Khomeini) et dit sa colère lorsqu’elle découvre en France des femmes enfoulardées, portant le voile islamique contre lequel elle luttait dans son pays qu’elle a dû fuir ». (Wikipedia)

    Revenons à présent à ce qui nous préoccupe ; la réalisatrice Abnousse Shalmani a écrit ces lignes, alors que Salman Rushdie venait d’être poignardé :

    « À l’heure où j’écris ces lignes, Salman Rushdie, a été poignardé au cou, sur scène, alors qu’il s’apprêtait à tenir une conférence LITTÉRAIRE. L’aveuglement et la surdité intellectuelle vis-à-vis de l’islamisme s’étant répandus, j’use, comme les petits fascistes des réseaux sociaux, de majuscules pour bien me faire comprendre. Pour annoncer ce qui est déjà une tragédie, la majorité des journaux ont tenu a rappeler doctement que le plus grand écrivain du réalisme magique avec Gabriel Garcia Marquez était sous le coup d’une fatwa depuis 1989, édictée par l’ayatollah Khomeiny, en précisant que c’était à cause du blasphème qu’il avait commis avec le chef d’oeuvre intitulé « Les Versets Sataniques » (qualifié d’ouvrage « controversé » dans une dépêche AFP).
    Alors que Salman Rushdie est encore entre la vie et la mort, on prépare déjà le terrain aux excuses islamistes, en faisant sonner la petite musique devenue si familière : il l’a quand même un peu cherchée à la pointe d’une plume, cette condamnation à mort. (…)
    Ce qu’a accompli Salman Rushdie avec « Les Versets Sataniques », est un retour aux sources de la tradition islamique, que les islamistes s’évertuent à détruire depuis le XIe siècle. (…)
    « La disparition progressive de la tradition islamique de l’ijtihad ou d’interprétation personnelle a été un des désastres culturels majeurs de notre époque, qui a entraîné la disparition de toute pensée critique et de toute confrontation individuelle avec les questions posées par le monde contemporain », nous apprend Edward W. Saïd dans sa préface de « L’Orientalisme ». Ce que Rushdie a transgressé, c’est cet interdit : la fin de l’interprétation personnelle. (…)
    La transgression de Rushdie l’écrivain est en fait un retour à la loi originelle, un acte d’amour et un gage d’avenir.

    C’est avec une émotion qui me serre la gorge, que je lève mon verre alcoolisé en guise de soutien, en espérant que Salman Rushdie échappe à la mort qui est soudain apparue sur scène alors qu’il s’apprêtait à grandir un peu plus les Hommes avec la plus belle de ses créations : la LITTÉRATURE. »

    Chère Abnousse Shalmani, merci.

    Bibliographie de Salman Rushdie

    ROMANS

    • « Grimus », J.C. Lattès, 1977 (en) « Grimus », 1975, science-fiction
    • « Les Enfants de Minuit » (en) « Midnight’s Children », 1981, Prix Booker
    • « La Honte » (en) « Shame », 1983
    • « Les Versets Sataniques » (en) « The Satanic Verses », 1988
    • « Le Dernier Soupir du Maure » (en) « The Moor’s Last Sigh », 1995
    • « La Terre Sous Ses Pieds », Plon, 1999 (en) « The Ground Beneath Her Feet », 1999
    • « Furie » (en) « Fury », 2001
    • « Shalimar le Clown » (en) « Shalimar the Clown », 2005
    • « L’Enchanteresse de Florence », Plon (en) « The Enchantress of Florence », 2008
    • « Deux Ans, Huit Mois et Vingt-Huit Nuits », Actes Sud, 2016 (en) « Two Years Eight Months and Twenty-Eight Nights », 2015
    • « La Maison Golden », Actes Sud, 2018 (en) « The Golden House », Random House, 2017
    • « Quichotte », Actes Sud, 2020 (en) « Quichotte », Random House, 2019, trad. Gérard Meudal
    Essais
    • « Le Sourire du Jaguar » (en) « The Jaguar Smile : A Nicaraguan Journey », 1987
    • « Patries Imaginaires » (en) « Imaginary Homelands : Essays and Criticism », 1981-1991, 1992
    • « Franchissez la Ligne » (en) « Step Across This Line : Collected Nonfiction » 1992-2002, 2002)
    Littérature d’enfance et de jeunesse
    • « Haroun et la Mer des Histoires » (en) Haroun and the Sea of Stories, 1991
    • « Lukas et le Feu de la Vie », Plon (en) Luka and the Fire of Life, 2010

    Bibliographie et productions d’Abnousse Shalmani

    Essais
    • « Khomeiny, Sade et Moi », Grasset, 2014, 336 p.
    • « Éloge du Métèque », Grasset, 2019, 198 p.
    Romans
    • « Les Exilés Meurent Aussi d’Amour », Grasset, 2018, 400 p.
    Films
    • 2007 : « La Dictionnaire » (réalisatrice), court métrage
    • 2005 : « Paris, la métisse » (co-réalisatrice), long métrage
  • Un long week-end de Liberté et d’Espérance

    Un long week-end de Liberté et d’Espérance

    C’est le week-end ! Et quel week-end !

    Je vous souhaite à toutes et tous de très bonnes fêtes de Pâques et de Pâque (Pessah) !

    La Pâques chrétienne aura lieu dimanche et lundi (5/6 avril 2015) et la Pâque juive démarre ce soir Vendredi 3 avril 2015 à 20h05 (veille du premier jour de la fête) et se terminera samedi 11 avril 2015.

    (suite…)

  • Pessa’h, le plaisir des choix difficiles

    Pessa’h, le plaisir des choix difficiles

    « Les Egyptiens pressaient le peuple et avaient hâte de le renvoyer du pays, car ils disaient : Nous périrons tous.
    Le peuple emporta sa pâte avant qu’elle fût levée. Ils enveloppèrent les pétrins dans leurs vêtements, et les mirent sur leurs épaules. »

    Exode 12, 33-34

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    La célébration de Pessa’h

    La fête de Pessa’h a lieu au début du printemps, moment où la nature « renaît » après la mort hivernale. Cette année, la Pâque se déroule du mardi 15 au mardi 22 avril 2014. Sur le plateau du Seder (célébré une fois en Israël et deux fois en diaspora), au cours duquel est lue la Hagada – le récit de la sortie d’Egypte – figurent :

    Maror : des herbes amères (souvenir de l’esclavage en Egypte) ;

    Zeroa : l’agneau (on immole l’agneau dont le sang marque les maisons des Israélites pour les protéger de la mort ;

    Trois matzot : le pain azyme ; Karpass (symbole du renouveau et de la régénération) ;

    Légume – tel que céleri, pomme de terre, radis ou encore persil – trempé dans de l’eau salée (qui a le goût des larmes que les Hébreux ont versées en Egypte) ;

    Beitsa : un oeuf dur (symbolise le deuil après la destruction du Temple) ;

    ‘Harosset : mélange doux, composé de pommes, poires, noix hachées et mélangées avec du vin, ou encore de dattes, pommes, noix et vin (rappelle le mortier que les Hébreux utilisaient en Egypte

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    Nous avions, il y a un an, procédé au rapprochement des différentes traditions issues du judaïsme, du catholicisme ou, plus anciennement encore, du zoroastrisme (provenant de l’ancienne Perse), en matière de renouvellement de la nature et la victoire de la Lumière sur les ténèbres. Le parallèle entre la table des Haft Sîn et celle du Seder était par ailleurs étonnant.

    Pessa’h, le « Temps de la Liberté »

    Liberté, Liberté chérie… La « liberté », dans son sens le plus littéral, signifie la suppression de toutes les contraintes que peuvent subir le développement et la libre expression de l’individu. Nous sommes des êtres humains et non pas pas des robots dénués de sensibilité ou de réflexion. Le libre-arbitre crée automatiquement des être humains responsables. La plus belle chose n’est-elle pas, pour tout un chacun, de recevoir la liberté de pouvoir faire ses propres choix, en étant responsable de ses actes ?

    Or, dans quel monde vivons-nous ? (Rythme effréné de nos sociétés, développement fulgurant des progrès technologiques, place de l’ordinateur dans notre vie, des moyens de communication envahissants)… De quoi perdre certains repères. Il peut être important alors d’identifier les valeurs centrales de notre vie. Une introspection peut s’avérer nécessaire ; descendre au plus profond de soi-même afin de s’améliorer, tenter de rechercher ces entraves à la liberté, de développer notre propre système d’existence.

    « La tradition talmudique révèle que seulement 20 % du peuple juif a quitté l’Egypte. Les autres 80 % sont morts et ont été enterrés pendant la plaie de l’obscurité. Pourquoi sont-ils morts ? Parce qu’ils n’étaient pas prêts à faire le choix de la liberté. Quand l’impulsion est venue de partir, ils ont préféré la routine familière de l’esclavage aux défis inconnus du désert. La vie est un choix. Choisir est difficile. La vie est aussi un plaisir. A l’occasion de Pessa’h, prenons l’engagement du plaisir que procurent les choix difficiles, et, quoi que nous fassions, ne nous laissons pas distancer. » (lamed.fr)

    Pâques, la « semaine radieuse »

    Dimanche 20 avril 2014 sera un jour particulier : celui des Pâques catholique, protestante et orthodoxe, et celui, également, de l’antépénultième jour de Pessa’h. D’après les Évangiles, c’est pendant cette fête juive qu’eut lieu la résurrection Jésus ; c’est pourquoi le nom en a été repris pour désigner la fête chrétienne (Wikipedia). Unis dans la diversité…

    En ce jour de dimanche de Pâques, mes pensées vont également vers celles et ceux qui terminent leur jeûne du Carême et qui durant huit jours (tiens, la durée de Pessa’h) – démarche fondée sur l’innocence retrouvée et sur la valeur de l’initiation chrétienne – vivront les solennités de cette « semaine radieuse ». Mort et renaissance, ou quand le renouveau de la nature accompagne le renouveau spirituel.

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    A vous toutes et tous : « Pessa’h Cacher Ve Samea’h », ou « bonnes fêtes de Pâques » ! Qu’elles vous apportent bonheur, joie et espérance.