Malgré un matin intensément pluvieux, nous décidâmes de nous diriger vers cette belle ville d’Arles et plus particulièrement, son centre historique. Le soleil ayant vaincu l’élément liquide, c’est finalement sous une belle lumière que nous nous lançâmes dans cette découverte.
Quel magnifique centre-ancien… Ce fut à la fin du Ier siècle de notre ère, juste après la fondation de la colonie romaine dans ces lieux, que fut bâti l’amphithéâtre dont les ruines se trouvaient devant nous. Sa construction eut lieu avant notre ère, entre l’an 40 et l’an 12 environ ; de la fin de la période dite de la Rome républicaine (entre -494, époque de la sécession de la Plèbe, et -31, année de la Bataille d’Actium) à celle de la dynastie Julio-claudienne qui marque le commencement de l’Empire romain (de -27, règne d’Auguste, à +69, règne de Néron).
Pour ce qui concerne précisément la construction du théâtre antique d’Arles, celle-ci débuta vers -40/-30, période du deuxième triumvirat (après l’assassinat de Jules César en -44) qui réunit Marc Antoine (ancien lieutenant de César), Lépide (ancien maître de cavalerie de César) et Octave (le futur empereur Auguste) et se conclut en l’an 12 (sous le règne d’Auguste).
En 2008 fut retrouvé dans le Rhône – quel événement que cette découverte ! – le plus vieux buste de Jules César. Le Rhône. Majestueux. Le voici qui passait comme il passait il y a deux mille ans, et plus encore…
“Le fleuve coule de siècle en siècle et les histoires des hommes ont lieu sur la rive. Elles ont lieu pour être oubliées demain et que le fleuve n’en finisse pas de couler” écrit Milan Kundera, dans L’insoutenable légèreté de l’être. “Ô magnifiques ombrages ! Des frênes, des peupliers gigantesques miraient des bords leurs troncs blanchâtres…” ajoute Frédéric Mistral dans “Le poème du Rhône” écrit en 1887.
Suivant tranquillement la rive, quels gracieux lampadaires que voici, au bout desquels apparut la célèbre maison d’édition Actes Sud et sa librairie passionnante où nous passâmes un moment délicieux, détaché du temps ordinaire ; cette apesanteur dont seuls les livres ont le pouvoir de nous plonger délicatement.
Image furtive. Une énorme porte allait se refermer sur un havre prometteur de douceur : ces jardins de ville qui, durant l’été, accueilleront des musiciens jouant devant une assemblée de personnes allongées dans la chaleur estivale, se relaxant, bercées, se reposant…
Au détour d’une de ces ruelles typiques, dans ce qui fut une église, se préparait une exposition. Rien n’était encore finalisé, mais qu’il était agréable et intéressant de voir les artistes mettre une dernière main à l’oeuvre qui bientôt trônera au milieu de tant d’autres, pour le bonheur des sens de chaque visiteur…
Une place. En son centre, un obélisque ; nous étions dans le quartier de la Cité, plus précisément sur la place de la République, avec l’Hôtel de ville en fond et l’obélisque du cirque romain.
Majestueuse façade de la rue de la République, l’Hôtel Laval-Castellane se dressait là, surmonté de cette inscription : “Palais Dou Felibrige”. “Le Félibrige est une association qui a pour objectifs la sauvegarde, l’illustration et la promotion de la langue et de la culture spécifiques des pays d’Oc par l’intermédiaire de la littérature, du théâtre, de la chanson, du cinéma… et tout particulièrement de l’enseignement et des médias.”
Il ne fut pas étonnant d’apprendre que des peintres de renom s’étaient arrêtés dans cette belle ville d’Arles : “Vincent Van Gogh et Paul Gauguin ont peint la plaine aux abords d’Arles. Paul Guigou s’est attaché aux rives du fleuve.” (Atlas des paysages des Bouches-du-Rhône – 25 – La vallée du Rhône – 2007)
“La couleur ici est vraiment très belle. Quand le vert est frais, c’est un vert riche, un vert apaisant. Quand il est roussi, couvert de poussière (…) le paysage prend alors les tons dorés de toutes les nuances : or vert, or jaune, or rose, or bronzé ou cuivré, enfin du jaune citron au jaune terne… Quant au bleu, cela va du bleu de roi le plus profond dans l’eau jusqu’au bleu clair transparent au bleu-vert, au bleu violet. Naturellement cela appelle l’orangé (…), et puis en raison de beaucoup de jaune, le violet se met tout de suite à chanter. Ce qui me frappe c’est la transparence de l’air. Ici la ligne est nette jusque très loin, et la forme reconnaissable. Cela donne une idée d’espace et de ciel”.
“Le pays me paraît aussi beau que le Japon pour la limpidité de l’atmosphère et les effets de couleur gaie. Les eaux font des taches d’un bel émeraude et d’un riche bleu dans les paysages ainsi que nous les voyons dans les crépons…”.
Van Gogh “Lettres d’Arles à sa soeur” (1888)
C’est enfin dans le “Café La Nuit”, dont Van Gogh fut un client fidèle, que se termina notre découverte. Merveilleuse journée aux mille couleurs, aux mille saveurs, aux milles images. Nul doute qu’une nouvelle visite s’imposera lorsque l’occasion se présentera. Ne pouvant rester là, c’est sous un ciel étoilé que le retour s’engagea.
De César à Van Gogh, de la pluie tombant vers la terre aux étoiles du ciel, inoubliable journée…
Liens :
• Dossier CG13 sur la Vallée du Rhône (pdf)
http://www.cg13.fr/fileadmin/user_upload/Environnement/atlas/25_La_vallee_du_Rhone.pdf
• La Maison d’Edition Actes Sud
• Patrimoine de la Ville d’Arles
http://www.patrimoine.ville-arles.fr/arles/ville.cfm?action=home
• Le Musée départemental Arles antique
http://www.arles-antique.cg13.fr/mdaa_cg13/root/index.htm
• A propos du Félibrige
http://www.felibrige.org/spip.php?article3
• National Geographic : À Arles, les archéologues exhument les vestiges d’une cité gallo-romaine
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