Catégorie : Ecole

Ah, notre chère Ecole, cette Ecole de la République ! Où va-t-elle ? Que devient-elle ?…

  • Silence, on tue !

    Silence, on tue !

    Mardi 24 mai 2022. 

    Dix-neuf enfants âgés de 7 à 10 ans ainsi que leurs deux institutrices ont trouvé la mort, dans l’école primaire Robb de la ville d’Uvalde, située dans le sud du Texas, aux Etats-Unis.

    Il s’agirait de la deuxième fusillade la plus meurtrière qui a pris pour cible un établissement scolaire, dans ce pays.

    Après cette effroyable tragédie, le président Joe Biden a promis « d’affronter le lobby des armes ».

    Quel est ce lobby ?

    Il s’agit de la N. R. A. (National Rifle Association of America). Cette association à but non lucratif, créée en 1871, pratique depuis quelques années un lobbying politique à tel point qu’elle s’oppose avec force à toute tentative de législation des armes à feu en général.

    « La NRA est largement reconnue comme une force politique majeure et comme le principal défenseur américain des droits du deuxième amendement (…) »

    Voici un extrait présent sur le site de la NRA, dans la rubrique « A propos » :

    (Source : https://home.nra.org/about-the-nra/)

    En 1990, la NRA a pris une décision radicale pour s’assurer que le soutien financier pour les activités liées aux armes à feu serait disponible maintenant et pour les générations futures. La création de la Fondation NRA, une organisation exonérée d’impôt, a permis de collecter des millions de dollars pour financer la sécurité des armes à feu et des projets éducatifs au profit du grand public. Les contributions à la Fondation sont déductibles d’impôt et profitent à une variété de circonscriptions américaines, y compris les jeunes, les femmes, les chasseurs, les tireurs de compétition, les collectionneurs d’armes à feu, les agents des forces de l’ordre et les personnes handicapées physiques. Bien que largement reconnue aujourd’hui comme une force politique majeure et comme le principal défenseur américain des droits du deuxième amendement, la NRA est, depuis sa création, la première organisation d’éducation sur les armes à feu au monde. Mais nos succès ne seraient pas possibles sans les efforts inlassables et les innombrables heures de service que nos près de cinq millions de membres ont consacrés pour défendre les droits du deuxième amendement et soutenir les programmes de la NRA. Comme l’a dit l’ancien porte-parole de Clinton, George Stephanopoulos, « Permettez-moi de faire un petit vote pour la NRA. Ce sont de bons citoyens. Ils appellent leurs membres du Congrès. Ils écrivent. Ils votent. Ils contribuent. Et ils obtiennent ce qu’ils veulent au fil du temps. »

    En réalité, en Amérique, chaque état possède ses propres lois en matière de détention, port et utilisation d’arme. Certains états ne reconnaissent pas les permis d’autres états. Bref, il est difficile de se faire rapidement une idée générale dans ce domaine. Une réglementation est toutefois de mise : nulle détention d’arme sans permis délivré par le shérif ou la police, en Californie et à New-York. Il y a également un âge minimum (souvent 21 ans).

    Le tueur d’Uvalde avait 18 ans.

    Derrière le comptoir, les fusils sont alignés. Ils coûtent entre 250 et 800 euros.

    Dans un article du Monde daté du 25 mai 2022, on apprend que « les travaux menés sur le sujet outre-Atlantique sont clairs : plus le nombre d’armes à feu en circulation est élevé, plus les violences commises par arme à feu augmentent. Les Etats ayant une proportion importante de leur population détentrice d’armes à feu connaissent des taux d’homicides supérieurs de 114 % à ceux ayant une population moins armée ».

    (suite…)
  • Sur les épaules des géants

    Sur les épaules des géants

    « Elève » – Terme qui provient étymologiquement du verbe « élever » : « Faire monter plus haut, porter plus haut ».

    Je repense à cet instant à cette émission passionnante de Jean-Claude Ameisen sur France Inter : « Sur les épaules de Darwin », qui commence à chaque fois par ces mots :

    « Sur les épaules de Darwin. Sur les épaules des géants.  Se tenir sur les épaules des géants et voir plus loin, voir dans l’invisible, à travers l’espace et à travers le temps »

    L’année scolaire dernière fut riche de ces élévations !

    Particulièrement avec deux groupes de lecture, l’un constitué d’élèves de CM1, l’autre de CM2. Un public en situation de délicatesse avec la lecture en général et la compréhension en particulier.

    Les élèves de CM1 purent bénéficier, à raison d’une séance par semaine, de textes sur la Mythologie d’une richesse incroyable. J’utilisais pour cela l’ouvrage extraordinaire intitulé « Le feuilleton de Thésée », de Murielle Szac, dont voici un extrait du résumé : « Le feuilleton de Thésée » invite les enfants à se replonger dans la mythologie grecque en suivant le personnage de Thésée. En 100 épisodes, le jeune héros grandit et se construit. Il rencontre de nombreux personnages mythiques (Héraclès, le centaure Chiron, Oedipe, Phèdre et, bien sûr, Ariane et le Minotaure). Le récit de la vie de Thésée, en véritable récit initiatique, soulève toutes les questions essentielles (…).

    L’autre ouvrage du même auteur s’intitule « Le feuilleton d’Hermès »

    (suite…)

  • Un peu tiré par les cheveux ?

    Un peu tiré par les cheveux ?

    Il fallait que je partage ça…

    De passage chez le coiffeur – ça m’arrive parfois – j’ai dû patienter quelques minutes. Je prends place sur un siège prévu à cet effet [mode Veille ON]. Observation des alentours. En face de moi, une famille. Assise, la maman tient le petit dernier dans les bras. A ses côtés, l’aîné (4 à 5 ans) et, sur le fauteuil, terminant de se faire couper les cheveux, le papa. Tout va bien. Jusque-là.

    La papa en a terminé, il se lève et se met à discuter avec la coiffeuse qui se révèle être visiblement de sa famille. A ce moment – nul ne sait quelle mouche l’a piqué – le plus grand de 4 ou 5 ans se met à courir dans le salon [mode Veille OFF] dans tous les sens, gesticulant, passe piquer régulièrement des bonbons sur le comptoir, peu discrètement de surcroit, puis il arrive près d’un sèche-cheveux. Alors là… Ni une ni deux, le petit garçon met en marche l’engin. Soufflerie intense.

    A ce moment précis, on peut percevoir que les parents sont un peu excédés. Si, si. Même si toute réaction se fait toujours attendre. Lorsque soudain, Lumière ! (Do you see the Light ?) Le papa prononce ces mots, synonymes du « Eureka », comme disait Archimède (toutes proportions étant gardées). Il dit donc :

    – « Ahhhhh ! Mais je sais ! Il a eu une autre maîtresse aujourd’hui ! C’est sûrement pour ça ! »

    Durant une fraction de seconde, je tente, abasourdi, de trouver quel rapport il… Mais le père poursuit aussitôt :

    – « Encore une de ces maîtresses qui n’ont aucune autorité ! » (Suit une courte discussion sur le manque d’autorité de certains enseignants).

    Nous y voilà ! Ben oui ! C’est quand même incroyable, ce manque d’autorité de la maîtresse, quand même ! A cause de son incompétence, voilà un enfant très, très, très mal élevé.  Pauvres parents. CQFD ! Ou plutôt : QED ! Quod erat demonstrandum, comme disait Euclide, cette fois.

    Un peu tiré par les cheveux ? Oh Hé Hein Bon !

  • Une aventure littéraire particulière

    Une aventure littéraire particulière

    Chers amis,

    Tout comme l’année dernière, j’ai conduit cette année un groupe de lecture, dans une autre école cette fois, dont tous les textes étudiés provenaient toujours de grands auteurs de la littérature française ou étrangère. Cette démarche avait déjà été largement abordée par le passé, ici et , par exemple.

    Autre école, autre public, donc. Bien sûr, toujours des élèves en difficulté, ils étaient une petite dizaine cette année, et particulièrement en lecture. Nous pointions régulièrement le désintérêt pour ces enfants pour ce domaine en général et des livres en particulier. Nous regrettions aussi l’éloignement de certaines familles, trop nombreuses, avec le travail scolaire.

    Cette année, bien plus que la précédente, j’ai pu constater des effets secondaires ô combien profitables autant qu’inespérés.

    La passion débordante de ces jeunes élèves de CM1 tout d’abord. Je ne sais par quelle magie ils entraient ainsi spontanément si magnifiquement en résonance avec certains personnages évoqués ou certaines histoires présentées.

    La beauté de la langue y fut sans doute pour quelque chose. Je sélectionnais, précisons-le, une petit passage dans chaque ouvrage – entre vingt et trente lignes – qui était un moment emblématique dans le roman mais qui ne représentait pas pour autant une masse de lecture telle que cela pouvait devenir une difficulté supplémentaire pour les élèves. Combien de fois nous étions-nous littéralement extasiés devant la beauté d’une expression rencontrée ou de la tournure d’une phrase relevée. Car nous l’avons croisée, cette beauté des mots. Tous plus magnifiques, plus grands les uns que les autres. Cette langue que l’on ne trouve malheureusement plus – ou à de trop rares exceptions sans doute – dans la littérature dite « de jeunesse ».

    Les retours des familles, sans doute, ont eu un effet démultiplicateur que je n’osais espérer, chez ces lecteurs en herbe. Telle maman était ravie que sa fille connaisse l’Île Mystérieuse. Tel papa était vraiment heureux que son fils évoque le Comte de Monte-Cristo, qu’il avait lu plus jeune. Tels grands-parents avaient été tellement émus de savoir que nous avions parlé des Misérables avec leur petite fille. Quelle puissance que ces liens transgénérationnels ! La motivation des élèves grandissait à vue d’oeil, séance après séance. Leur intérêt était de plus en plus palpable. Leur volonté d’apprendre, de connaître, devenait plus forte de jour en jour. Et quand une séance, très exceptionnellement, ne pouvait pas avoir lieu – pour une raison ou une autre – nous frôlions presque la révolution !

    Ils furent finalement nombreux à faire la démarche de s’inscrire à la Médiathèque de la ville ou de fréquenter les librairies, pour retrouver « nos » livres – ou en découvrir d’autres. Et quel moment ce fut lorsque, à l’occasion de la dernière séance de l’année, j’avais amené à l’école un livre ancien, un Hetzel de l’époque : L’Île Mystérieuse… Emerveillement garanti ! Ces yeux écarquillés devant ce beau livre, grand, gros, d’un rouge si caractéristique ; cette délicatesse en effleurant de leurs doigts devenus si légers ce papier tellement marqué par le temps, par endroits ; cet étonnement aussi de sentir le parfum particulier de ce livre ancien. Et quel bonheur incroyable ce fut de retrouver dans cet objet d’un autre temps, le passage que nous avions étudié ; avec quelle délectation les élèves se lancèrent spontanément dans une lecture originale si parfaite !

    livres

    En cette fin d’année je fus ému lorsque ce petit groupe m’annonça que j’étais devenu désormais leur « professeur de littérature ». Et que dire du soin absolu avec lequel les élèves manipulaient leur Cahier de littérature qui contenait chaque texte étudié et que l’on gardera en vue de l’année prochaine. Car nous nous retrouverons avec grand plaisir au CM2 : rendez-vous a d’ores et déjà été pris avec leur future enseignante extrêmement intéressée par ce projet de lecture.

    Victor HUGO, Alexandre DUMAS, Jules VERNE, Ernest HEMINGWAY, Marcel PAGNOL et Jonathan SWIFT, je vous remercie. Chers élèves, je vous félicite et vous souhaite de très belles vacances d’été.

  • Petits lecteurs deviendront grands

    En cette fin d’année scolaire, parmi les bilans effectués figure celui du Projet lecture cycle mené dans l’une des écoles de mon secteur d’intervention, auprès d’élèves de CM1 et de CM2.

    Précisons que des groupes avaient été constitués en tout début d’année, après une évaluation de tous les élèves de CM1 et CM2 de l’école issus de trois classes. Nous avons ainsi pu constituer cinq groupes de besoin menés par les trois enseignants des classes concernées auxquels s’ajoutaient les deux maîtres spécialisés RASED qui avaient en charge deux groupes réduits d’élèves les plus en difficulté. Ce projet lecture avait lieu deux fois par semaine.

    Avec ma dizaine d’élèves, cette année, j’ai fait le choix de définitivement substituer aux ouvrages dits de « littérature jeunesse » – aux contenus pour le moins inégaux – des extraits de grandes oeuvres du patrimoine littéraire national. Ainsi, voici les textes abordés cette année :

    L’Iliade (Le Cheval de Troie) / Homère
    L’Odyssée (Ulysse et le Cyclope) / Homère
    Michel Strogoff / Jules Verne
    L’Île mystérieuse / Jules Verne
    20.000 Lieues sous les Mers / Jules Verne
    Le Tour du Monde en 80 Jours / Jules Verne
    Thésée et le Minotaure / Mythologie
    Les Misérables / Victor Hugo
    Les Conquérants / José Maria de Hérédia
    Le Comte de Monte Cristo / Alexandre Dumas
    Les Trois Mousquetaires / Alexandre Dumas
    Sans Famille / Hector Malot
    Celui qui navait Jamais vu la Mer / JMG Le Clézio

    (suite…)

  • Les Conquérants

    Les Conquérants

    Ce matin chez des amis j’ai entendu, à ma grande surprise, déclamer les premiers vers de cette magnifique poésie, Les Conquérants :

    « Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
    Fatigués de porter leurs misères hautaines,
    De Palos de Moguer, routiers et capitaines
    Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal (…) »

    Non content d’admirer ces vers depuis toujours, j’avais décidé, lors de cette année scolaire qui vient tout juste de s’achever, d’inclure ce poème dans une série de textes – dans le cadre d’un projet de lecture au CM2 – tous en lien avec les voyages et la navigation. Aux côtés de l’Iliade, des Voyages extraordinaires ou de l’opéra Le Vaisseau Fantôme, les élèves découvrirent ainsi « Les Conquérants ».

    J’ajoute que ce petit groupe de CM2 était composé d’élèves connus pour être en grande difficulté en lecture. Bien sûr, il ne s’agissait pas d’aborder ces oeuvres dans leur intégralité, mais d’en étudier, très en détail, un ou plusieurs extraits emblématiques (vocabulaire, situation du passage dans l’oeuvre d’où il est tiré, quelques mots à propos de l’auteur, etc.). Le jour où leur fut présenté le poème Les Conquérants, je fus surpris car l’attention des élèves était particulièrement forte. Pourtant, le vocabulaire tout comme le style poétique ne facilitait pas un accès aisé à cette oeuvre que voici :

    Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
    Fatigués de porter leurs misères hautaines,
    De Palos de Moguer, routiers et capitaines
    Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.

    Ils allaient conquérir le fabuleux métal
    Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
    Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
    Aux bords mystérieux du monde occidental.

    Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
    L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
    Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;

    Où, penchés à l’avant des blanches caravelles,
    Ils regardaient monter en un ciel ignoré
    Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.

    Hérédia, José Maria (de), « Les Conquérants », dans « Les Trophées », Paris, Gallimard, 1981 [1893].

    Photo Paul Suteau - Flickr/Polovergnat
    « Les Conquérants » Photo Paul Suteau – Flickr/Polovergnat (Lisbonne, Belem, juillet 2008)

    Oui, quel merveilleux texte. Malgré tout pas si simple, à bien des égards. Son explication – que dis-je ! son exploration – en fut d’autant plus minutieuse.  Mais dès lors, à l’instar d’une terre inconnue qui peu à peu devient familière, les élèves commencèrent à apprécier ces vers. Ils en ont d’abord aimé le rythme : cette poésie rompait avec les textes en prose abordés jusque-là. Et quelle belle histoire !

    « (…) Ils allaient conquérir le fabuleux métal
    Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, (…) »

    Il y avait aussi cette navigation incertaine : certains pensaient que des gouffres allaient les surprendre à chacune des limites du monde connu. Et quel vocabulaire magnifique !  

    Revenons enfin aux deux derniers vers somptueux de cette oeuvre : 

    « Ils regardaient monter en un ciel ignoré
    Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles ».

    Qu’ajouter ?…

    José Maria de Hérédia naquit le 22 novembre 1842 et mourut le 2 octobre 1905. Homme de lettres d’origine cubaine, né sujet espagnol, il fut naturalisé français en 1893.

    La poésie « Les Conquérants » est tirée du recueil « Les Trophées » (1893) qui fut couronné par l’Académie française où il entra en 1894. Hérédia faisait partie du mouvement parnassien qui apparut dans notre pays au 19e siècle et avait pour but de valoriser l’art poétique par la retenue, l’impersonnalité et le rejet de l’engagement social et politique de l’artiste (Wikipedia).

    Pour les Parnassiens, l’art n’a pas à être utile ou vertueux et son seul but est la beauté. Dans la mythologie grecque, le Mont Parnasse était, comme Delphes, consacré à la fois à Apollon et aux neuf Muses.


    Lorsque, des semaines plus tard, l’un des élèves me fit la surprise de réciter de tête, en souriant, les deux premières strophes des Conquérants, rapidement accompagné par le choeur des autres camarades du petit groupe, je compris combien cette poésie avait su les marquer. Ils n’avaient alors pas idée de l’intense bonheur qu’ils venaient de me faire vivre…

    heredia

    Liens :

    – http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jose-maria-de-heredia

    – http://www.lesvoixdelapoesie.com/poemes/les-conquerants

    – http://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Heredia_-_Les_Trophées_1893.djvu

    – http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70755m

  • Enfin…

    Enfin…

    Quel trimestre… C’était long.

    Ah ! Ca fait quand même plaisir !

    Bonnes fêtes à toutes et à tous !

    « Bon bout d’an et à l’an qué vèn, que se siam pas mai, que siguem pas mens ! »

    A l’an prochain, si nous y sommes pas plus, que nous n’y soyons pas moins !

  • Petits poussins

    Petits poussins

    Il y a un mois environ, dans la classe de CP de l’école Louis Marin où j’interviens régulièrement, un projet particulier se concrétisa. Il s’agissait d’observer en temps réel (ou presque), le passage de l’état d’œuf à celui – éventuellement – de poussins. Vaste programme ! Pour ce faire, une couveuse de qualité professionnelle fut installée (température et hygrométrie constantes, léger mouvement de la grille support afin de provoquer la rotation lente des œufs : on ne pouvait rêver mieux). Restait à trouver des œufs compatibles avec une telle expérience, c’est-à-dire potentiellement fécondés. La solution vint de notre collègue de CE2 qui était en contact avec une ferme locale. Toutes les conditions étaient ainsi réunies pour lancer ce projet.

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    Il y a un peu moins d’un mois, donc, eut lieu la découverte de la couveuse, de ses caractéristiques ; la projection sur TBI d’une présentation tout en images (réalisée par le maître de la classe) qui détaillait les différences entre les êtres ovipares et vivipares (qui fut même présentée à d’autres classes de l’école). Une fiche fut remplie par chaque élève qui fut la première d’un véritable dossier scientifique qui présentait un calendrier de vingt et une cases : le temps nécessaire aux éventuels poussins pour croître avant que les œufs n’éclosent. Vingt et un jours. Cela nous menait au vendredi 13 décembre 2013…

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    Ce vendredi 13 décembre 2013 restera dans les mémoires. Lors de la recréation du matin (j’intervenais alors dans une autre école), le collègue de CP m’envoie un SMS : « Nous nous apprêtons à accueillir trois poussins, ils commencent à casser leur coquille et on entend « piou, piou » sans arrêt. » Je ne passais dans cette école que l’après-midi et je craignais que tout soit alors terminé. Mais leur sortie pouvait prendre un ou deux jours, me précise le collègue. L’après-midi j’arrivais dans la classe. Un rapport fort détaillé me fut fait par les petits élèves visiblement passionnés par l’expérience, étant donné leur vocabulaire riche et parfaitement adapté à la situation. Ils me précisèrent que les élèves de la classe allaient être les frères et soeurs des poussins, les enseignants de l’école : leurs parents et moi, leur parrain :o) (on n’oublie pas le maître d’adapt !).

    Moment émouvant : l’observation d’un des œufs en cours d’éclosion. Une petite ouverture était visible par laquelle passait régulièrement le bout d’un bec – spectacle qu’accompagnait un ensemble de « piou, piou » plus nets que jamais. Vers 14h30, l’une des élèves cria qu’un poussin venait de sortir ! Né un vendredi 13 en 2013… Branle-bas de combat. L’observation s’organise. Et quel tableau ! Une coquille gisant en deux et une masse foncée qui marchait maladroitement mais vigoureusement – le poussin – en alternant passages acrobatiques rapides et repos complet allongé au sol de tout son long. Ainsi ce poussin devint l’attraction des élèves de CP ainsi que des autres classes de l’école. Mais le week-end arrivait. Une collègue s’en occuperait jusqu’à lundi.

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    Aujourd’hui lundi, j’arrive à l’école, à nouveau l’après-midi.

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    Le collègue de CP m’annonce la nouvelle : contrairement aux apparences et aux prévisions souvent pessimistes, pas moins de six poussins sont nés, en forme, plus vigoureux que jamais ! Six sur six ! Quel spectacle ! Pour une réussite, c’est une réussite ! Les élèves notèrent dans leur dossier cette phrase écrite au tableau que nul n’avait osé espérer : « Lundi, nos six poussins se portent bien. Ils picorent ».

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    A en croire les yeux pleins d’étoiles de ces petits scientifiques, voici une expérience que personne n’oubliera de si tôt !… Et bravo au maître Philippe L. pour ce projet tellement enrichissant. Les poussins rejoindront dès la fin de l’école, avant les congés de Noël, une ferme des environs où ils se développeront dans un environnement certainement plus adapté qu’une salle de classe.

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    Régulièrement les élèves pourront voir comment grandissent les volatiles.

    Car, à n’en pas douter, petits poussins deviendront grands !…

  • Trente années plus tard

    Trente années plus tard

    Ce jour du 20 octobre est un jour particulier. Non point celui de la naissance de quelqu’un d’illustre ni même celui d’une bataille célèbre (combien de ces dates devions-nous apprendre par cœur, jadis), mais le jour anniversaire de mon entrée dans la grande famille (disions-nous antan) de l’Education nationale.

    L’an dernier l’émotion était déjà au rendez-vous à l’évocation de ce moment particulier. Mais cette année ça tombe juste ! Trente petites années après… Un petit regard derrière moi s’impose.

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    Ce 20 octobre 1983, j’avais pris le train très tôt le matin à la gare de Molsheim (le permis de conduire n’était pas encore d’actualité). Il faisait encore nuit. Sélestat, tout le monde descend ! Je pris la direction sud-ouest et sortais de la gare SNCF. Je rejoignis l’avenue de la Gare (évidemment) durant 150 mètres avant de prendre à droite durant 87 mètres. Il faisait froid ; la nuit était toujours là. Je tournais alors légèrement à gauche sur la D1059, une trentaine de mètres plus loin, avant d’aborder les prochains 600 mètres de la Départementale 1083. J’arrivais alors, quelques instants plus tard, rue Schwilgué ; je marchais 130 mètres avant d’arriver rue Aristide Briand dont je parcourus 64 mètres. Les premières lueurs du jour commençaient à paraître. Je pris alors à gauche et, 78 mètres plus tard, j’arrivais à l’adresse de destination : « 1 rue Froehlich – 67604 Sélestat », devant l’imposante bâtisse de l’Ecole normale d’instituteurs !

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    Quelques futurs collègues étaient déjà là. Nous nous connaissions déjà, pour la plupart : les trois sessions du concours d’admission n’étaient pas si loin et toutes les épreuves avaient créé des liens. L’accueil fut sympathique. Quel endroit ! Moment officiel : l’accueil de la directrice, Mme Marie MAES (dont je me souviens encore assez bien). Après un moment à dominante administrative, en avant pour la présentation des salles de cours, de la salle de sciences, de la salle de musique, du réfectoire, de l’école d’application qui jouxtait l’Ecole normale, bref : une journée fort chargée. Le moment de rentrer était déjà là. Nous avions fait connaissance avec cette École où nous allions passer trois ans. Je serais heureux de revoir cet imposant bâtiment qui avait cessé d’être « École normale d’instituteurs » depuis longtemps. Lors d’un prochain séjour en Alsace, sans doute.

    Je rentrais comme j’étais arrivé : en train, dans le froid et sous un ciel quasi nocturne. Je n’avais pas vingt ans. Quelques mois auparavant je passais mon bac. Il y avait à présent ces doutes, cette inquiétude, cette inconscience aussi ; ainsi se matérialisait la transition entre la fin d’une confortable adolescence et le début d’une vie professionnelle. Nous étions alors devenus « élèves-instituteurs ».

    Et voilà, trente petites années plus tôt !

  • Demain…

    La pré-rentrée…

  • Précieuse Education

    Admirable Malala Yousafzai. Mais oui ! Les habitués du Blog se souviendront d’un précédent article concernant la jeune pakistanaise, le 9 janvier dernier. Extraordinaire Malala qui était hospitalisée depuis la mi-octobre en Angleterre suite à un dramatique attentat.

    Un petit rappel :

    Militante des droits de l’Homme au Pakistan, elle est connue pour son combat pour le droit des femmes à l’éducation. Agée de 14 ans, elle survécut miraculeusement, mardi 9 octobre, à une tentative d’assassinat perpétrée par les talibans. « L’un d’eux, qui avait une petite barbe, est monté et à demandé aux enfants laquelle d’entre elles était Malala. Il a tiré trois fois : la première balle a atteint Malala à la tête, la seconde a frappé l’épaule d’une de ses camarades d’école et la troisième a légèrement blessé une autre fille à la jambe ».

    Malala BBC
    Image tirée de l’extrait visible sur le site http://www.bbc.co.uk

    Malala la rescapée est accueillie ce jour, vendredi 12 juillet 2013, au siège de l’ONU, à New York, où – le jour de son 16e anniversaire – elle s’exprimera au sujet de l’Education devant le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, Gordon Brown, ancien Premier ministre britannique, envoyé spécial à l’ONU pour l’Education, et plusieurs centaines de jeunes de 12 à 25 ans représentant 85 pays.

    Quel moment !…

    Retrouvez l’article évoquant cet événement sur le site de Libération.

    Liens :

    – La pétition de Malala : https://secure.aworldatschool.org/page/s/stand-with-malala
    – Sur le site de la BBC (en anglais), un extrait vidéo de son intervention
    – Le Blog de Malala Yousafzai : http://www.malala-yousafzai.com
    – Le dossier spécial Malala Yousafzai sur le site Slate.fr

  • A propos des Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté

    Il fut un temps – pas si lointain, où lorsque qu’étaient évoqués les RASED, nous avions pris pour  habitude de nous attendre au pire. Nous avions déjà évoqué ce sujet ici et . Rappelons à toutes fins utiles que les Réseaux d’aides sont composés de trois personnels spécifiques : un psychologue, un rééducateur (aide à dominante rééducative) et un maître d’adaptation (aide à dominante pédagogique), encore appelé « Maître E ». La destruction de cette structure particulière de l’Education Nationale avait été savamment orchestrée par la précédente équipe gouvernementale. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette funeste entreprise a montré une redoutable efficacité.

    Localement, après une première vague de fermetures de postes en 2007 (un petit rappel « historique » est disponible ici), il nous restait trois psychologues, trois maîtres d’adaptation et deux rééducatrices. Au printemps dernier, nous apprenions la fermeture sèche de tous les postes de rééducateurs du département des Bouches-du-Rhône ainsi que de tous les postes d’adaptation, hormis ceux implantés dans les zones d’Education prioritaire (ce qui était mon cas). Je me retrouvais donc momentanément seul « survivant » spécialisé (hors psychologues) après cette nouvelle vague de massacre, dans la circonscription (La Ciotat, Roquefort-la-Bédoule, Cuges-les-Pins, Cassis). Fort heureusement, vers la mi-juillet, nous apprenions la réactivation des deux postes de maîtres d’adaptation de Cuges-les-Pins et Roquefort-la-Bédoule, qui avaient subi directement les effets de ces nouvelles suppressions. Mais nulle trace, toutefois, de réimplantation de rééducatrices.

    Quelle période…

    Or lundi dernier, le 11 mars, à l’Assemblée Nationale, eut lieu la première séance de la Discussion du projet de loi d’orientation et de programmation pour la Refondation de l’Ecole de la République dont voici trois extraits choisis. Oh, cela ne clarifie pas réellement la question des RASED – loin s’en faut. Mais il est tout de même rassurant de voir que l’on ne nous a pas complètement oubliés…

    M. Vincent Peillon, ministre. (…) C’est d’ailleurs pourquoi nous avons commencé à agir bien avant son élaboration. Aucun gouvernement n’a autant agi pour l’école en si peu de temps. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Dès la rentrée 2012, alors que vous aviez programmé 14 000 suppressions de postes, monsieur Chatel, nous avons créé 1 000 emplois de professeurs des écoles, que vous n’avez d’ailleurs pas refusés dans vos circonscriptions. Près de 300 classes ont été rouvertes en zone rurale, ainsi que 100 postes de réseaux d’aides spécialisées aux enfants en difficulté, ou RASED. Nous avons mis en place 100 conseillers principaux d’éducation, 2 000 assistants d’éducation et 1 500 auxiliaires de vie scolaire individualisés pour accompagner les enfants en situation de handicap. Alors que vous expliquiez à la France entière que nous étions incapables de recruter des professeurs tant vous aviez dévalorisé ce métier, nous avons organisé deux concours, recruté dès cette année 40 000 professeurs et obtenu 50 % d’inscrits en plus aux concours de recrutement des professeurs. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) (…)

    Mme Marie-George Buffet, députée (Groupe Gauche démocrate et républicaine) :

    (…) Un autre sujet me tient particulièrement à cœur, celui de l’aide aux enfants en difficulté, car il est au cœur de nombreuses mobilisations : je veux parler des RASED. Les amendements adoptés par la commission visent à les conforter. Mais rien n’est dit dans le corps du projet sur les objectifs pédagogiques de ces réseaux et leurs rapports avec « le maître en plus ». Quid de la formation des maîtres spécialisés ? Quid de leur lieu de travail, dans ou à l’extérieur de la classe ? (…)

    Mme Martine Faure, députée (Groupe Socialiste, républicain et citoyen) :

    (…) Ce texte renforce le rôle et les missions de la maternelle. La spécificité pédagogique de cette école des petits. (…) Il met en place le dispositif « plus de maîtres que de classes » : cela ouvrira de nouvelles organisations pédagogiques au sein même de la classe, de l’école et entraînera l’évolution du métier d’enseignant. Ce texte n’oublie pas les RASED : ces réseaux d’aide spécialisés aux élèves en difficulté seront renforcés dans leurs missions en relation avec le dispositif « plus de maîtres que de classes ». (…)

    Pour aller plus loin :

    Le Compte-Rendu intégral de la discussion du projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’Ecole de la République du lundi 11 mars 2013. (Assemblée Nationale)

    Le site de la Fédération Nationale des Associations dede Maîtres E

    Fédération Nationale des Associations des Rééducateurs de l’Éducation Nationale

    Association Française des Psychologues de l’Éducation Nationale

  • Congrès de Toulouse

    Après voir suivi la plupart des discours du Congrès de Toulouse, je dois dire que nous avons vu défiler certains excellents orateurs. J’en retiendrais trois. Le premier, pour son extraordinaire célébration de l’Ecole Républicaine, est celui de Carole DELGA, députée de Haute-Garonne. Le deuxième, pour l’inénarrable Gérard FILOCHE et son éloquence. Grandiose. Enfin, le discours de clôture magnifique du nouveau Premier Secrétaire, j’ai nommé Harlem DESIR.

  • Les années passent…

    C’est l’année prochaine qu’il sera intéressant de  célébrer ce moment, pour avoir un compte rond. Mais pour une fois que j’y pense à temps, je ne louperai pas l’occasion.

    Dans mes jeunes années, juste après le bac, je m’étais inscrit au concours d’entrée à l’Ecole Normale. Je voulais devenir instituteur. J’affrontais deux écrits, en même temps qu’un nombre incroyable d’autres candidats (deux amphis pleins). Le premier travail était à dominante littéraire, le second à dominante scientifique. Le résultat fut encourageant : j’étais admis pour la suite !

    Cette deuxième étape était composée de plusieurs épreuves (là, nous ne remplissions déjà plus que deux grandes salles). Travaux manuels (réalisation d’un personnage du genre « marionnette » avec le matériel qu’on nous avait demandé d’amener) ; sport : course à pieds (sprint et fond), natation, sports collectifs ; puis chant, musique et expression corporelle. Nouvelle petite attente, quelques jours, puis j’appris mon admissibilité !

    (suite…)